Dresde : en renaissance
Il fait encore bien nuit...le train grince toujours autant mais de mille et une façons, du halètement au cri, variant les rythmes des soubresauts; un musicien composerait une pièce intéressante, c'est sûr, le rythme se calme, presque jusqu'au silence. Je soulève un peu le store, le panneau indique Weimar... mon Dieu, tout un pan d'histoire du 20 ème siècle de ce douteux entre-deux guerres afflue à ma mémoire. Peu après, c'est Leipzig : me reviennent pèle-mèle et peut-être à tort : la guerre de 30 ans, Bach et le film Barry Lindon. Je suis en Allemagne de l'Est, enfin, il y a presque 20 ans que le mur est tombé. N'empêche. Ce que je devine de l'architecture diffère notablement du peu que je connais "de l'Ouest". Cette gare de Leipzig, dinosaure d'acier d'effet saisissant; rénovée de façon à mettre en valeur sa carcasse et...le ciel. Quelle beauté. N'est-ce pas Kant qui disait : "la voûte étoilée au-dessus de moi, la loi morale au-dedans". D'ailleurs, il est du coin lui aussi, de Königsberg.
Moi qui ai toujours eu beaucoup de peine à me rendre en Allemagne... je dois avouer que j'ai dû surmonter une peur pour faire ce long trajet jusqu'à Dresde : le nord, l'est, le froid; sereine, voilà, dans le vacarme silencieux du train de nuit, un calme m'envahit. Sereine, je suis sereine. Il a fallu que maman dise : "cela fait deux générations depuis la guerre, il est temps de tourner la page". Avec des paroles aussi décidées, comment ne pas y aller ?
Dresde, arrivée en deux temps, l'Elbe entre "Neustadt" qui n'est pas si neuve et la cité; mais que c'est vert. Des grandes prairies le long de l'Elbe, en pleine ville, je rêve. Si le communisme a beaucoup amoché, il a aussi pas mal préservé, c'est sûr.
Le tour de ville en bus deux étages, nous l'a montré de long en large, à défaut de nous faire voir le coeur de la ville. Le guide - à l'accent chuintant de souabe - était fier de présenter les réalisations récentes, à grand renfort d'euros. Par contre, je n'ai pas pigé un seul de ses "witz".
Il fait encore bien nuit...le train grince toujours autant mais de mille et une façons, du halètement au cri, variant les rythmes des soubresauts; un musicien composerait une pièce intéressante, c'est sûr, le rythme se calme, presque jusqu'au silence. Je soulève un peu le store, le panneau indique Weimar... mon Dieu, tout un pan d'histoire du 20 ème siècle de ce douteux entre-deux guerres afflue à ma mémoire. Peu après, c'est Leipzig : me reviennent pèle-mèle et peut-être à tort : la guerre de 30 ans, Bach et le film Barry Lindon. Je suis en Allemagne de l'Est, enfin, il y a presque 20 ans que le mur est tombé. N'empêche. Ce que je devine de l'architecture diffère notablement du peu que je connais "de l'Ouest". Cette gare de Leipzig, dinosaure d'acier d'effet saisissant; rénovée de façon à mettre en valeur sa carcasse et...le ciel. Quelle beauté. N'est-ce pas Kant qui disait : "la voûte étoilée au-dessus de moi, la loi morale au-dedans". D'ailleurs, il est du coin lui aussi, de Königsberg.
Moi qui ai toujours eu beaucoup de peine à me rendre en Allemagne... je dois avouer que j'ai dû surmonter une peur pour faire ce long trajet jusqu'à Dresde : le nord, l'est, le froid; sereine, voilà, dans le vacarme silencieux du train de nuit, un calme m'envahit. Sereine, je suis sereine. Il a fallu que maman dise : "cela fait deux générations depuis la guerre, il est temps de tourner la page". Avec des paroles aussi décidées, comment ne pas y aller ?
Dresde, arrivée en deux temps, l'Elbe entre "Neustadt" qui n'est pas si neuve et la cité; mais que c'est vert. Des grandes prairies le long de l'Elbe, en pleine ville, je rêve. Si le communisme a beaucoup amoché, il a aussi pas mal préservé, c'est sûr.
Le tour de ville en bus deux étages, nous l'a montré de long en large, à défaut de nous faire voir le coeur de la ville. Le guide - à l'accent chuintant de souabe - était fier de présenter les réalisations récentes, à grand renfort d'euros. Par contre, je n'ai pas pigé un seul de ses "witz".
On évoque Dresde, on nous dit "Zwinger" , une orangerie, dit-on; en fait des galeries un peu folles aux sculptures quasi rococo, légèreté dentelée, "forcées" par l'architecte à se mettre en construction carrée, pour protéger jardins, bassin, sans doute. Ce monument sans lourdeur évoque les plaisirs d'une cour insouciante. Musée dans un musée. Il abrite la "Gemäldegalerie" où sont accrochés - à l'ancienne - tant de ces tableaux de la grande peinture européenne : on débarque chez Rubens : une salle entière de chairs débordantes nous met au parfum... suivent Tintoret et Véronèse, beaucoup de Titiens aussi; cette fameuse “Vénus d’Urbino” de Giorgione terminée par Titien, avec la sensibilité de Giorgione ! Vénus se fond dans le paysage, tous deux allongés, avec douceur, simplicité, intériorité; nulle impudeur dans ce tableau; qui ne montre rien; il est seulement. Et puis, Et puis, de la douzaine d'oeuvres attribuées à van Eyck, l'une - “Tryptique de la Vierge” - est à Dresde; de la petite production de Vermeer, "la jeune-fille lisant près de la fenêtre" se trouve dans ce musée; le célèbre couple Adam et Eve, deux longs nus de Cranach, eh bien, je les ai vus à Dresde. Un petit Greco, "la guérison de l'aveugle", très italianisant avec ses grands effets de perspective. Enfin, il y a cette oeuvre fétiche du musée, une grande toile, une “Madonne...” avec deux angelots un peu mistons dans le bas du tableau, signé Raphaël. Et puis, et puis... il faut y aller, y retourner.
La ville baroque respire avec aisance, nous replongeant dans un passé, peint avec bonheur et exactitude par Canaletto. Tout le contraire d'une ville moyen-âgeuse toute serrée, terrée autour de sa cathédrale. Tout est aéré. Peut-être dans le fond Canaletto n' y était pas si dépaysé. L'air de la campagne, à défaut de celui - marin - de Venise. Le nouveau se marie à l'ancien, délicatement, inventivement. La Frauenkirche à la molasse essentiellement neuve et beige a épousé les deux pans de façades aux pierres grises, seuls survivants du bombardement de 1945. Le passé se digère mais la digestion fut longue. Au début des années 50, les gravats jonchaient toujours la ville; ceux-ci enfin déblayés, les vaches vinrent y paître; ce n'est qu'au tout début 1993 * que les citoyens décidèrent la reconstruction qui dura jusqu'en 2006.
Oui bien sûr, la ville est belle. Plus encore, elle est un symbole de réconciliations multiples dont la renaissance actuelle n'est qu'un début, une belle ébauche, un modèle peut-être ?
* au moment exact où les planètes Uranus/Neptune commençaient un nouveau cycle de 170 ans, dans la foulée des événements de 1989.
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