lundi 12 avril 2010

III-A - Les méga-cycles – la civilisation en marche: Neptune/Pluton


Les méga-cycles lancent des ponts entre les siècles et les générations, le passé et le futur et font, défont les civilisations. Ils donnent le ton, dégagent l’espace, font de la place, débarrassent le pourri, le démodé, l’inutile, l’encombrant, le désuet, ce qui a fait son temps pour permettre au neuf d’émerger. Ils font s’écrouler le passé et ce qui “marchait” soudainement ne fonctionne plus, se casse.
Les 3 planètes transpersonnelles que sont Uranus, Neptune et Pluton, aux cycles respectivement de 84 ans, 165 ans, 240 ans (voir blog...) se combinent, formant entre elles, par paires, ces 3 cycles faisant, défaisant, reliant, cultures et civilisations. Ce sont :

Un cycle Neptune/Pluton de près d’un demi-millénaire (492 ans) se déclinant à son tour en :

3 cycles d’Uranus/Neptune d’une durée de 170 ans (voir blog III-B)
4 cycle d’Uranus/Pluton d’une durée variant de 113 à 141 ans (voir blog III-C)

Ces méga-cycles clairement dépassent et de beaucoup non seulement la durée de la vie humaine mais aussi son entendement. D’où la plainte – collective – que le temps va trop vite ! Paradoxalement, mais n’est-ce pas aussi dans une vie humaine que s’incarne – volens nolens – cette évolution de la conscience ? Jung ne disait-il pas : "nous arrivons aux événements et non l'inverse.." Nolens car la volonté, le je, ne veut pas et volens, car l’autre nous-même sait que rien n’est immuable. Ce que reflète en astrologie la distinction entre ordre visible et ordre invisible, entre les 7 planètes traditionnelles et planètes transpersonnelles : (voir blog l'astro à ma façon...)

I) La civilisation en marche... Neptune/Pluton

Qu'est-ce que la réalité ?
Qu'est-ce que Dieu ?
Qu’est-ce que la Beauté, la Vérité, l’art ?

A chaque âge correspondent quelques présuppositions absolues sur la nature de la réalité, la nature de la vérité, la nature de la nature... humaine, celle de la beauté aussi (Qu’est-ce que l’art ?). Ces quelques propositions 'méta-physiques' fondamentales donc indémontrables - et largement inconscientes - sous-tendent le monde pensé, vécu, scientifique aussi bien que quotidien, bref le monde 'physique', la réalité phénoménale, et lui donnent - pour un temps - sa cohérence.
Et puis, c'est le coup de la "panne"; les vieilles recettes ne marchent plus; plus d'une même chose ne fait plus l'affaire; cela ne répond plus; c'est d'autre chose, essentiellement, qualitativement nouveau qu'il s'agit : C'est sans doute ce que d'autres appellent changement de 'paradigme'. Ces mouvements de civilisation, c’est l’affaire du grand cycle astral de Neptune et de Pluton.
A chaque grand mouvement de ces présuppositions absolues correspond un grand cycle astral, d’une conjonction à une autre.

De l’antiquité à nos jours : six cycles seulement...
Les civilisations se font et se défont au rythme d'un demi-millénaire environ, soit la durée d'un cycle combiné de Neptune et de Pluton (492 ans)
C'est dire que de l'Antiquité à nos jours, il n'y a eu guère que 6 de ces cycles :

580 av. J.-C.
84 av. J.-C
411/12
905
1399 et
1891/92

Aperçu
De 580-84, ou de l'antiquité archaïque, celle qui a vu la naissance de sages tels qu’Anaximandre, Pythagore, Anaximène, Héraclite tout comme Lao Tseu, Gautama et Mahavira puis l'antiquité classique (500-430) où s’illustrèrent des Périclès, Phydias, Polyclète, Socrate, Platon aux soubresauts de la république romaine (84 guerres civiles en Marius/Sylla/Pompée) en passant par l'empire d'Alexandre (350-323).
Le cycle 84-410: des convulsions de la république à la fin de l'empire romain d'Occident ou de la naissance de l'empire au triomphe de l'église. Cette période voit le passage de la république à l'empire romain (en 30 Auguste se nomme empereur), voit la naissance de Jésus (en 7 av. environ), celle du christianisme (pas avant 40), la naissance en 313 de la liberté de culte (octroyée par Constantin 1er), la fondation de la ville de Constantinople (324), les débuts de l'art et l'empire byzantins.
Entre 410 et 909, dès le sac de Rome par le Goth Alaric (un Chrétien), il y a passage de l'antiquité à la féodalité. A l'art antique succèdera l’art roman par élaboration de formes propres nées - entre autres - de Rome et de l'art byzantin.
En fait le Moyen-Age recouvre un cycle entier de Neptune/Pluton (de 909-1399) et l'art gothique succède à l'art roman à mi-cycle (soit vers 1140). On peut dire - à grands traits - que le le Moyen-Age s’écroule en 1399, au nouveau cycle, avec l’esprit de la Renaissance (Brunelleschi, la perspective etc.) et que la page est abruptement tournée vers 1450 (à la conjonction d’Uranus/Pluton) qu'illustrent les grandes découvertes (l'Amérique, l'imprimerie etc.), les débuts de la colonisation, et voit la naissance de gens comme Leonard de Vinci, Jérome Bosch, Hans Holbein. C’est à la date à laquelle aussi s'effondre - avec la prise de Constantinople - l'empire byzantin (1453) qui aura néanmoins duré 2 fois plus longtemps que l'empire de Rome ! C’est à grands traits, le demi-siècle d’épopée de la “modernité” qui trouve - sinon son achèvement en tout cas sa crise dans le cycle actuel commencé en 1891/92.

Crises - craintes - création
Entre le trigone décroissant et le sextile croissant, chaque cycle/civilisation se défait. (Nous sommes actuellement - de 1950 à 2032 - dans le sextile croissant). Mais il y a aussi les acquis du trigone décroissant et du sextile décroissant. Les acquis, les sédiments après la dévastation de la conjonction. Voir dans chaque cas, ce qui est gardé, qui s’ajoute aux sédiments, est intégré et ce qui est abandonné, les liquidations. C’est très exactement au niveau collectif, ce qui se passe lors de crises individuelles, à l’occasion d’un transit d’une planète lourde, d’une psychothérapie : il y a un avant, il y a un après et il y a une période intermédiaire - où les repères habituels font défaut - faite de crises, de craintes et de créations aussi.

“la ré-évaluation de toutes les valeurs”...
S’il est un slogan pour Neptune/Pluton, ce serait celui-là : A chaque cycle la question est posée souvent implicitement du reste. La réponse induit une nouvelle vision du monde.

Ainsi, à l’ère des sages d’Orient comme d’Occident (580 av J.-C) prévaut l’évidence d’un accord avec le monde visible et invisible, où la Vérité est dévoilement progressif de cette Réalité, la Beauté et l’art sont évocation de l’Invisible. Puis - dès l’époque classique grecque - émerge avec la conscience de soi, une expression duelle de la réalité, celle des humains, celle des dieux, la vérité des faits, celle des idées; la Beauté du corps devient représentation. Le solide réalisme se fortifie (84 av. J.-C.) sous le règne de Rome. Alors que la civilisation méditerranéenne connaissait un accord encore harmonieux avec la réalité, le monde vécu et pensé, celui-ci se rompt avec l’avénement du Christianisme. La Réalité est ailleurs, la Vérité n’est pas de ce monde et la Beauté qu’elle évoque dans l’art n’a rien à voir avec celui-ci. Tout l’art byzantin en témoigne/ra brillamment. De 410-900, cependant, en Occident, s’élabore la vision médiévale : l’être y précède le connaître mais Dieu est garant de la Vérité, de la justesse de mon savoir. Le monde est à la fois un grand jardin : un univers - plat - fait de qualités, de formes et de couleurs et un monde hostile. L’homme est la créature la plus évoluée d’un ordre dont il fait partie, auquel il est soumis, au même titre que les autres espèces. La crainte de Dieu, de la mort y sont omniprésentes. L’art y a pour fonction de “rendre visible l’invisible”. Dès la nouvelle conjonction (1399), s’effondre une civilisation pourtant brillante. De grand jardin, la nature devient laboratoire d’expérience. Oubliant qu’il en fait partie, l’homme se place en-dehors et au-dessus d’elle, la domine, la soumet, la torture. La terre se trouvera bientôt décentrée, perdant de surcroît ses qualités immédiates, denses et touffues pour de mornes quantités, exprimables en termes uniformes de temps, d’espace, de mouvement.
“La nature est un livre écrit par la main de Dieu dans le langage des mathématiques” déclare magnifiquement Galilée. Pourtant quel changement de paradigme plus brutal peut-on imaginer... La Réalité peu à peu se substitue au seul visible dont la représentation - talentueuse - devient la fonction de l’art. La Vérité - une et univoque - est le résultat factuel obtenu par le protocole des sciences expérimentales. Entre le temps de Galilée et le nôtre, Dieu s’éloigne du monde, comme les idées des valeurs, l’homme de la nature, donc des autres et de lui-même. Ce que j’appelle ailleurs la substitution du jardin à la grille.


On notera que si les 4 premières conjonctions se firent en signe de Terre (Taureau), c’est l’Air (Gémeaux) qui caractérise les 2 dernières ! En phase avec la formidable montée en puissance du mental, sa suprématie, sa folie aussi que nous ne connaissons que trop bien !
Sans doute est-ce la raison pour laquelle le point de vue sur les choses, la vie, les valeurs, typiques du nécessaire détachement d’un signe d’air, remonte au tournant du 15ème. En art, on pense à la naissance de la critique, celle de la perspective.

... leur ré-évaluation ou leur anéantissement ?
Ce n’est qu’ à l’aube du 20 ème, à la dernière conjonction, celle de 1891/92, que les 3 questions fondamentales furent soulevées, cette fois explicitement.

Qui auparavant aurait osé ? Nietsche l’avait bien (pres)sentie cette “faillite de la raison”, n’est-il pas du reste devenu fou ? En fait, Nietsche, aussi radical qu’il puisse être, était peut-être en deça ! Car il ne s’agit même plus tant de la “ré-évaluation de toutes les valeurs”, du remplacement de valeurs jugées périmées, que de leur écroulement, leur destruction, y compris de la notion de valeur elle-même, des croyances, espoirs et cortèges d’illusions/désillusions dans son sillage ! Non leur remplacement mais leur anéantissement. D’où les fracassantes déclarations du 20ème siècle :

Qu’est-ce que la Réalité, d'ailleurs quelle(s) réalité(s) ?
Dieu est mort
L'art est mort …

Anéantir/déboulonner, c’est le job de Pluton
Les illusions, les croyances, la notion même de valeur, c’est le job de Neptune.

Ce fut le programme du 20 ème siècle. Nous sommes toujours en train de le digérer… Deux guerres mondiales et quelques génocides plus tard, sans parler de la dévastation planétaire, avons-nous encore des illusions ? Quant à la “matière”, sa définition cartésienne, newtonienne limitée, elle nous élude ! Et si c’était justement le vide, rien, ce Rien !

C’est aussi le propre de Pluton de rendre tout retour en arrière impossible.
Si – pour reprendre une image familière – le monde est une scène – alors ce grand cycle de Neptune/Pluton en figure le théâtre. Chaque nouveau cycle amène une destruction partielle du théâtre, on est en droit de se demander si le dernier cycle de 1891/92 n’a pas entraîné la destruction totale du théâtre. En se demandant non seulement s’il n’est pas absurde d’en reconstruire un, mais même s’il y a un sens à jouer quoi que ce soit. Liz Greene assimile le transit de Pluton à un énorme... transit intestinal (“a huge bowel movement”). Avec un passage de Pluton, la réalité est inexorablement et brutalement anéantie, transformée, régénérée enfin.
Neptune : Communément, au sens social, Neptune figure les valeurs, les aspirations collectives, les idéaux – les modes et la mode – les (dés)illusions. Avec Neptune, c’est un certain climat qui change subtilement. Pensez à la mode, aujourd’hui bizarre, choquant, de mauvais goût, demain normal, “à la mode”...

Profondément, Neptune est notre aspiration à l’union, l’indivis, la fusion dans le tout par dissolution de toutes limites, frontières. Neptune, c’est l’Amour, la compassion. le Beau et le Bien, porteurs eux-mêmes de la Vérité.

En fait, n’est-ce pas la découverte de Neptune en 1846, qui a rendu si pressante, obsédante, créativement aussi, cette question-clé du 20ème siècle : Qu’est-ce que la Réalité ? Anéantissant dans la dernière portion du cycle la certitude de la réponse ? Et à en “dissoudre” l’évidence. Pensons à Turner - mort en 1850 - qui l’avait si bien pressenti, avait su le rendre sur toile et sur papier, de manière tellement en accord avec une certaine sensibilité contemporaine.

D’ailleurs les inventions-clés du 19ème ne sont-elles pas toutes liées à l'idéalisme et à l’illusion ? Pensons à l’Impressionnisme (1860-1880), à l’inconscient (naissance de Freud en 1856), au “Manifeste du Parti communiste” (1848) de K. Marx et les révolutions de 48 en Europe. Tout le 19ème siècle tourne autour du développement de la photographie, quoi de plus neptunien que ce coté arrêt sur image, dissolution, vacuité, nostalgie, Romantisme une intuition juste sur fond d’erreur ? Nostalgie ? Il y a ce cher Gauguin partant pour Tahiti, à la recherche du paradis perdu. Il y a Georges Seurat (1859-1891) dont l’apparente banalité des scènes masque en fait une irréalité totale. En contrepoint de la transformation puissante et brutale du monde extérieur en une gigantesque usine.

Attention, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas, n’a pas de réalité, cela veut dire que ce monde du quotidien n'est pas ultime - ces artistes nous le font bien sentir il est périssable - et que si nous nous perdons dans l'illusion qu'il l'est, nous passons à côté de l'essentiel, de l'éternité de nous-même. Et comme pour appréhender notre éternité, nous ne pouvons le faire dans l'agitation, Neptune nous ralentit, pour nous donner cette chance ; arrêter de courir après nous-même, notre ombre, nous arrêter et nous sommes arrivés ! Nous y avons toujours été, il s'agissait seulement de le découvrir !
Neptune à la fois inspire et aspire vers l’union avec le divin, par désillusionnement de la réalité immédiate et tangible.
Mais ce paradis, nous n'avons que cette terre, cette vie, cette réalité, ce corps limité pour le vivre, cette réalité contingente pour vivre la Réalité, l’illimité…

La civilisation en marche ? Mais vers qui, vers quoi ?
A chaque étape. Il y a gain - sur les illusions, les croyances, les faux semblants, (les)l’autorité(s) - donc conquête et libération, dégagement des conditionnements. A chaque étape, il y a perte aussi : du sens, de l’innocence, de l’évidence et du bonheur simple d’appartenir à un monde partagé avec d’autres, de la simplicité d’être. Avec - depuis la Renaissance en Occident - le primat du « cognoscere », de la connaissance, la perte de l’intelligence d’être (« esse ») et la foi en la justesse de la vie. « L’homme (s’est) éloigné de la nature, est (devenu) dur ».
La naissance ou l’émergence de l’individu, ce n’est pas rien mais ce n’est pas tout non plus. A travers ces 5 grands cycles astrologiques, je souhaite lire à la fois l’émergence de la personne de son indifférenciation collective à sa chute, sa disparition, sa “mort” comme entité ultime. Car seule de cette mort (égotique) quelque chose peut renaître.

"L'histoire du monde n'est rien d'autre que le progrès de la conscience de la liberté" Hegel

...le retour de la conscience vers elle-même
En gageant que ces étapes nécessaires de libérations extérieures successives nous conduisent historiquement à la possibilité de la Libération, celle du conquérant lui-même. Après le règne du mental, “advienne celui de la conscience”. (Serge-Christophe Kolm). Oui, Dieu devait mourir, doit mourir à l’extérieur, comme entité extérieure, pour (avoir une chance de) vivre en nous...quant à l’art ne devait-il pas mourir pour pouvoir renaître en nous, de façon à faire de chacun, chaque vie une oeuvre d’art ?

Car cet emboîtement de cycles - comme tout cycle - est en fait une spirale, ne se répète jamais. Celle de l’évolution ? Celle d’une évolution, j’ose espérer, celle de l’avènement de la conscience ou du retour de celle-ci vers elle-même… A un niveau beaucoup plus profond que lorsqu’elle « fut perdue ». Retour au paradis, à nouveau innocents mais combien plus sages… Et puis et surtout, la différence fondamentale de cette (r)évolution de la conscience, la seule véritable révolution, c’est qu’elle gagne, épidémiquement, une saine épidémie, en cercles de plus en plus larges, des millions d’entre nous jusqu’à faire basculer ce monde, loin de la folie et de l’auto-destruction, vers la guérison.


Si Neptune/Pluton pose la question fondamentale : Qu’est-ce que la Réalité ? Le cycle Uranus/Neptune la met en œuvre – à 3 reprises - sur le plan de la libération (Uranus) des croyances (Neptune),(voir blog III-B) Uranus/Pluton – par 4 fois- sur celui du plan des libertés (Uranus) fondamentales (Pluton) ou ou “La liberté ou la mort(voir blog III-C)



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