Née fille dans une tribu de 7 garçons, tous ou presque conquistadors, partis rafler l’or des Amériques, c’est elle en fin de compte la seule véritable conquistador, dans le signe guerrier du Bélier si tant est que la seule imprenable conquête soit celle de l’Esprit, par les armes (Mars planète maîtresse du Soleil) de l’Amour divin. Les grandes conquêtes, dit Marcelle Auclair,* elle les a sublimées sur le plan spirituel. "Elle dresse la carte de l’univers intérieur, alors que Mercator dressait celle du globe terrestre" op.cit.
Née en 1515 en plein dans la Haute Renaissance, de fabuleuses découvertes et d'autant de catastrophes, cette battante de Dieu en est une des plus hautes figures mystiques qui nous éclairent si vivement aujourd’hui.
A la fois héroïque, d’une fulgurance rare (Soleil, conjoint à Mercure, conjoint à son Soleil puis flanqué d’Uranus, le tout en Bélier) et totalement extatique, (Asc. Poissons juste aux derniers degrés du signe, semble-t-il, conjoint à Vénus avec Neptune en m.12), elle incarne triplement cette force du féminin, indispensable pour ce nouveau monde à éclore, cette humanité nouvelle. Avec, de surcroît une lune en Vierge d’inlassable travailleuse. Celle qui vivait sous Charles Quint et eut à traiter avec Philippe II, renversa l’amour du pouvoir par le pouvoir de l’Amour
Quitter le monde…
Jeune-femme belle et adulée, aimant la vie mondaine, elle est cependant attirée rapidement par un amour plus grand qu’un beau parti et entre au couvent, à 16 ans. Il ne fallut pas moins de 20 ans à cette jolie et frivole personne pour véritablement se détacher du monde.
N’est-ce pas un des défis que nous traversons en ce moment d’apprendre à faire deuil de l’accessoire pour une simplification essentielle ?
Ce n’est qu'à près de 40 ans qu’elle vécut ce basculement, cette « mort avant la mort" (5ème demeure du Château de l'Ame) et put déclarer :
« C’est à partir de maintenant un livre neuf, une vie nouvelle.»«Jusqu’alors il s’est agi de ma vie. Maintenant Dieu vit en moi » Dieu soit loué qui m’a délivrée de moi-même » op.cit.
Le caractère très passionné de sa nature lui fait vivre des extases déroutantes (qu’elle essaie de cacher, de minimiser), des lévitations qui font jaser, qui la forcent à s’expliquer inlassablement auprès d'autorités en ces temps d’Inquisition (!) - Saturne en Sagittaire, planète des rigueurs dans le signe de la foi - où elle risque la démonie.
Rigueur absolue de la vérité solaire et solitaire dans une ère où la doxa - alors comme maintenant - fait loi. La Providence fit qu’on vit en elle Dieu plutôt que le démon…et on la laissa tranquille.
Les défis et limitations extérieurs la galvanisent (Saturne opposition Mars) et aiguisent ses talents d’écrivaine (Mars conjoint Jupiter en Gémeaux, m.3- zodiaque naturel). Peu éduquée, elle ne se voyait aucun talent pour écrire et rédigea pourtant de nombreux livres** et des centaines de lettres qu’elle ne relisait pas !
Si elle bataillait souvent ses écrits, ses petits poèmes par contre jaillissaient sur le moment (Soleil conjoint Mercure), dénotant - autre aspect- la fulgurance de son mental. Ils font date tel celui-ci :
« Nada te turbe "Que rien ne te trouble "Let nothing disturb you
Nada te espante que rien ne t’effraie Let nothing dismay you
Todo se pasa tout passe. All things pass
Dios no se muda Dieu ne change pas God never changes
La paciencia La patience Patience attains
Todo lo alcanza obtient tout All it strives for
Quien a Dios tiene A celui qui possède Dieu He who loves God
Nada le falta rien ne manque Finds he lacks nothing
Solo Dios basta » Dieu seul suffit » God alone suffices"
...Pour y retourner
Ce qu’on appelle « réforme » du Carmel est en fait un retour à la règle d’origine qui remonte aux pères du désert. Souvent les couvents étaient des lieux mondains où les femmes sans mari (il y avait un déficit d’hommes partis aux Amériques) se faisaient la vie la plus agréable possible.
Avec l’accord du pape mais contre les autorités locales, Thérèse fonde, non sans turbulence le 1er couvent de sa réforme : St Joseph où elle vit les 5 années les plus tranquilles de sa vie. Elle n’a pas encore connu la grâce du mariage spirituel. Elle est dans la phase la plus tumultueuse de son voyage intérieur (la 6ème demeure).
Elle est emportée par un désir impétueux de rejoindre le bien-aimé mais elle est retenue par les tâches d’ici bas. Elle est écartelée, jusqu’à ce que se réalise la pleine union divine avec le Seigneur. Désormais dans ses oeuvres elle …emmène Dieu avec elle… En d’autres termes, elle vit ce qu’on peut appeler « la pleine réalisation de Soi »
Contemplation et action sont indissociables
"Elle a trouvé le passage qui relie contemplation et action comme Magellan découvrit le détroit qui relie les 2 océans" (op.cit.)
« Qui n’aime pas son prochain ne vous aime pas Seigneur »
Voir Dieu en toute chose…mais la contemplation n’est plus une fin en soi; elle devient une force dans et pour l’action. Pas de plans mais la contemplation, soit le silence intérieur habité par la Grâce, comme levier de l’action.
C’est ce qui amène cette femme brillante de 52 ans a commencer ses fondations - il y en aura 17 en une quinzaine d’années - (MC à cheval sur Sagittaire et Capricorne, signant les constructions de la foi) jusqu’à sa mort et au mépris des maladies, fort invalidantes. " Le cloître n’a rien anéanti en elle de ce qui fit de sa vie mondaine une réussite : elle est toujours belle, gaie, vivre, plus éloquent que jamais et douée d’un charme auquel il est bien inutile de vouloir résister. Les expériences successives ne s’annulent pas en elle, elles s’ajoutent à son étonnante personnalité, sans rien lui enlever, sans rien détruire » (op.cit.) Ses entreprises cependant sont jugées scandaleuses. Elle subit des oppositions féroces, des difficultés inouïes, vit des écroulements - de murs comme de ses projets - dont tel un phénix elle renaît (Pluton conjoint MC ).
Guerrière de l’Amour pour un renouveau spirituel - « Le monde est en feu"
- La détermination signe le succès. Les considérations raisonnables l’ennuient. C’est le plus souvent sans argent qu’elle se lance. « Pour elle, la difficulté disparaît au moment même où elle prend la décision de la vaincre. En fait, ce ne sont pas moins d’énormes travaux qu’elle entreprend chaque fois … cheffe sur le chantier galvanisant les ouvriers.
- Seul l’héroïsme : Elle nous met en garde contre la ritualisation de la prière. Chaque acte se doit d’être héroïque.
- Un esprit de commando. Les installations dans ses couvents relèvent de la guerrilla, de la rebellion spirituelle. Il n’est pas rare qu’elle doive en prendre possession, les occuper nuitamment pour circonvenir les oppositions locales. Au petit matin, la cloche sonne, un couvent nouveau est né dans la nuit devant les villageois sidérés !
- Reconnaître le mal. Le mal existe, il importe de le cerner, sans abdiquer… en rire plutôt. L’Amour est le plus fort.
- Il est impérieux d’agir « le monde est en feu » maintenant comme alors…plus que jamais
- Un nécessaire renouveau spirituel. Avec la fondation de ses couvents de femmes et d'hommes entièrement dédiés à Dieu***, essaime un véritable renouveau spirituel. Quoi de plus actuel et urgent…
Martine Keller 20/5/21
*Marcelle Auclair « La vie de Sainte Thérèse d’Avila » - le Livre de Vie - 1950 que je cite abondamment
**dont le plus célèbre « Le Château de l’âme ou livre des demeures" ) rédigé en moins de 6 mois aux petites heures de la nuit
***elle fut en cela épaulée par son frère spirituel St Jean de la Croix
Magnifique commentaire - merci pour cette belle écriture et une lecture très pertinente - un rappel de son oeuvre et de son caractère contemporain - je parlais des chakras avec mon amie carmélite qui ne connaissais pas cette anatomie énergétique de notre être mais elle l'a tout de suite dit que cela lui évoquait le château de l'âme de Sainte Thérèse - que j"ai ainsi découvert grâce à elle ...merci encore
RépondreSupprimerMerci Haniel! Caroline Myss dans son fameux « Anatomie de l’esprit » établit le système des chakras dans les 3 monothéisme. Très éclairant et très puissant!
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RépondreSupprimerSon prochain webinaire en anglais porte sur « Le Château» justement
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