lundi 7 décembre 2009

L'histoire de l'astrologie ? L'histoire de l'oubli du Soi

Diagramme : l’horoscope où la projection de l’image du ciel au temps/lieu de notre naissance ou... "le ciel est déjà en toi"



L’histoire de l’astrologie ?
L’histoire de l’oubli de Soi ?


I Origines et fondements : de l’observation de la lune à l’ascendant

De tous temps on a observé les astres, pour les cieux eux-mêmes, leur beauté, parce que l'on sentait clairement ou obscurément qu'ils étaient nous-mêmes, pour les scruter, les interroger, pour lire dans le ciel ce que la terre semblait obscurcir.
Pour la vie sur terre, le cycle des saisons, celui de la lune sont des indicateurs privilégiés; les luminaires - soleil et lune - la double illusion que la lune brille et que le soleil tourne autour de la terre reste la réalité la plus forte de nos vies sur terre !
Pour les travaux de la terre, bien sûr, la lune astre rapide, puisqu'il tourne en un petit mois autour de la terre a constitué une observation privilégiée et précoce. Les premiers témoignages de l'observation des phases de la lune remontent à 15000 ans av. J-C.

Quant au Zodiac, même si l’on n’en connaît pas l’origine exacte, on a la preuve que le premier cercle zodiacal - divisé en 28 secteurs - s’est constitué sur la base des phases de la lune. Il semble qu’il soit apparu vers 5000 ans av. J.-C déjà et selon certaines sources à Sumer. Une chose est certaine, c’est celle de l’universalité du principe du Zodiac. Son symbole, une roue divisée en 12 secteurs égaux, est présente dans toutes les civilisations, en tous temps, sur les cinq continents. Ce qui est d’autant plus étonnant que le Zodiac (Zodiacos = cercle d’animaux) n’a rien en soi de “naturel”. C’est une sorte de ruban au travers duquel on peut observer les étoiles mais un ruban imaginaire quand même !

Autant pour les anciens, l'astrologie se centrait autour des événements, de leur prédiction, s'intéressait à réguler le calendrier, prévoir les éclipses, autant de nos jours à l'astrologie on associe l'horoscope individuel !

Quelques jalons1
Si l'astrologie est née en Orient (Sumer, Babylone, l'Egypte, la Mésopotamie), la jonction avec l'Occident se fit semble-t-il entre 600 (Pythagore étudia à Babylone) et 300 ans av. J.-C. soit avec la conquête d'Alexandre le Grand.
Bien des philosophes grecs ont laissé leur empreinte dans ce cheminement astronomique/astrologique :
  • Thalès (né en 624) prédit une éclipse
  • Anaximandre (né en 610) mentionne pour la 1ère fois la notion de cycle, “loi du retour”, si central dans l'astrologie, avec la notion de cycle
  • A Anaximène (né 550) est attribuée souvent la notion de l’homologie entre microcosme et macrocosme 2, pierre de touche de l'astrologie, de la tradition. On lui attribue aussi l'observation de l'obliquité de l'écliptique, ce cercle imaginaire traçant la course annuelle du soleil autour de la terre
  • Pythagore (né en 586) eut l'intuition que les nombres et leurs relations - dont l'importance est grande en astrologie - étaient la base de l'univers
  • Heraclitus (né vers 500 av J.-C.) différencie entre les deux états suivants : celui de la permanence de “l’être” et celui de changement constant affectant le monde physique ou “devenir”
  • Empédocle (né vers 495) était imprégné des 4 éléments : feu-terre-eau-air, fortes réalités constitutives de l'astrologie
  • En 432 premier usage connu des signes du Zodiaque
  • En 409, on note le 1er horoscope individuel (et encore pour un événement, non pour une personne)
  • En 308, le premier éphéméride connu
  • Hipparque (vers190-120 av. J.-C.) découvrit le phénomène de la précession des équinoxes fondé sur la différence de durées entre année solaire et année sidérale. Il est aussi connu comme l’inventeur du système des coordonnées de mesures que sont les longitudes et les latitudes
Ce n'est qu'en l'an 4 av J.-C. (soit 3 ans après la naissance présumée de Jésus) que l'on note un thème individuel faisant pour la 1ère fois usage de l'ascendant. L'ascendant représente le point (signe et degré) où se lève le soleil au moment de la naissance. C’est l’élément le plus personnel, le plus unique du thème.

1 Nicolas Campion "An introduction to the history of astrology", FAS, London, 1989

2"as above so below"


Or l'horoscope individuel est contemporain de la naissance de Jésus en 7 av. J.-C. soit lorsque Jupiter (représentant la Grâce) et Saturne (représentant l'effort) étaient - comme tous les 20 ans - en conjonction. Jupiter figurant l'expansion, l'optimisme, la croissance... spirituelle, aussi, le maître. En Jésus, c'est l'Amour, avec un A majuscule, comme tout ce qui est jupitérien, qui se révèle. Et - par Saturne – il se veut un rappel incontournable de sa concrétisation au quotidien.
Et puis, quoi de plus terrestre et charnel que de naître symboliquement un 25 décembre, dans le signe de terre du Capricorne dont la planète est précisément Saturne. Toutes les leçons de la matière.
L'Amour universel incarné, dans chaque conscience individuelle au moment où apparaît - historiquement - le thème natal. Quelle heureuse coïncidence ! Et l’illustration parfaite de l’ horoscope, ce moment unique de l’incarnation de chacun à la naissance. (voir diag.)

II L’Astrologie... reine des sciences

On sait que l'astrologie était la reine des sciences - après la théologie - enseignées dans les universités médiévales. On omet souvent de dire que les Copernic, Képler,Galilée, Tycho Brahe étaient astrologues : qui à la cour des Habsbourgs ou du roi du Danemark, qui à celle des Médicis. Quant à Newton au siècle suivant, on se rappellera que son oeuvre maîtresse les "Principia" ne sont que la pointe émergée de l'iceberg et que les 3/4 des écrits de ce grand Anglais étaient ésotériques. De plus, ces immenses savants qui donnèrent naissance à ce nouvel âge scientifique appliquaient leur découvertes à leur travail astrologique. Jusqu'à cette époque d'ailleurs astronomie et astrologie n'étaient qu'une seule et même chose.
Et en même temps, ce sont eux qui - paradoxalement - mais sans malice aucune portèrent en 2 siècles un « coup fatal » à l'astrologie, à l'ésotérisme :
  • sans malice, car ils furent les porte-paroles du nouveau collectif dont le langage et le paradigme de vérité s'appelait mathématique et le symbole de la vie le modèle mécanique.
On rappellera le magnifique aphorisme attribué à Galilée : "la nature est un livre écrit par la main de Dieu dans le langage des mathématiques".

Les mathématiques de langage, d'instrument sont devenus constitutifs de la réalité. Avec pour effet, de façon totalement abusive, que seules les qualités objectives, mesurables sont scientifiques; ce qui n'est pas mesurable n'est pas scientifique; la seule connaissance est ce type de science, qui peu à peu signifiera connaissance tout court et finalement tout ce qui ne se plie pas à ces critères finira même par ne plus exister ! C'est évidemment une imposture et un nouveau dogme. Tous les frigos ne sont pas des Frigidaires... est science toute discipline, corps de connaissances constitué sur un sujet déterminé (Collingwood). La science galiléenne – projet novateur et libertaire s'il en fut – tendra très rapidement à manipuler le monde, la nature, les hommes. Les sciences holistiques l'habitent, l'explorent, le découvrent.
  • Coup fatal ? oui et non.
- oui, car la consécration officielle, l'enseignement dans les facultés disparut avec pour effet que l'astrologie continua de façon "underground", sous le manteau. Le dernier enseignement d’astrologie se donna jusqu’en 1770 à l’université de Salamanque.
- non, car toutes les découvertes astronomiques, loin d'être fatales à l'astrologie, ont été aisément intégrées par elle : pensez à l'héliocentrisme, la découverte des nouvelles planètes : Uranus en 1781, Neptune en 1848, Pluton en 1930, Chiron en 1977.

Newton réalisa-t-il que le nouveau paradigme basé sur la séparation du sujet et de l'objet, l'observateur et l' observé contredisait tous ses écrits religieux, philosophiques, alchimiques reposant sur l'union, l'unité de toute chose, tous les êtres ! Mais les 2 univers doivent-ils s'exclure ?

Emmanuel Kant donne son aval épistémologique à la science newtonienne de son temps : il y a le domaine du connaissable, des corps dans l’espace et dans le temps, les phénomènes. Peut-être portons-nous des “lunettes aux verres roses” mais n’avons aucun moyen de les enlever. Quant à la chose en soi, noumène, elle n’est pas connaissable par la raison (Verstand), puisqu’elle n’entre pas dans les catégories de l’espace-temps. La Raison non raisonnante (Vernunft) nous y donne quelque accès et Kant, comme Platon et quelques « amis de la sagesse » avant lui, le savaient. Oui, Kant était un sage occidental, mais comme le dit Franklin Merrel-Wolf, un autre sage et lui-même aussi très sérieux : « La lumière de Kant est très éclairante, mais il y manque la substance qui est la joie ». Quant à l’énigmatique philosophe du 20ème siècle devenu mystique, Wittgenstein, il déclara que “ce dont nous ne pouvons parler, nous devrions nous taire3. Sommes-nous condamnés à un univers instrumental tout plein de choses mais vidé de sens, d’un côté, et d’une richesse infinie mais incommunicable de l’autre ?
3 « Of what we cannot speak we shall remain silent »

III Jeter le bébé avec l’eau du bain ? Et pourquoi donc ?


Devons-nous jeter le bébé avec l'eau du bain ? Bien sûr que non ! Et si l’un et l’autre ne s’excluaient pas ? Mais alors quels sont les ponts ?
Chaque niveau d'investigation du réel a sa vérité. Et les niveaux sont multiples, riches; on est dans l'ordre du "et plus et encore". Nous avons accumulé beaucoup de connaissances mais ce sont ces arts, ces disciplines, ces champs d'études qui - contre vents et marées - nous parlent (moins de faits que) de sens. Or ce sens nous parle du tout, nous montre l'union de l'homme et de l'univers; et c'est vraiment l'hypothèse de départ. Et dans ce tout, cette approche holistique, il y a le terme anglais "whole" (entier, un, complet). L'astrologie, comme toutes les disciplines holistiques nous fait nous sentir chez nous sur cette terre, que nous partageons avec tous les êtres - animaux, plantes, pierres etc. - nous ne sommes pas des vagabonds, des hors-la-loi, cosmiques ! Nous ne sommes pas simplement jetés dans ce monde, collection d'individus séparés. Chaque vie - humaine et autre - importe.

- la distinction sujet-objet "La science et tous ses intruments sophistiqués ne peut que nous donner l'image de l'univers que notre conscience moderne est à même de se représenter" (Dane Rudhyar).
A cet égard, la physique quantique, vieille d' il y a un siècle déjà, ne nous dit-elle pas que la distinction entre l'observateur d'un phénomène et la chose observée donc le sujet et l'objet, n'a plus vraiment de sens, rejoignant ainsi toute la tradition spirituelle.
Cette vérité de la science fondamentale, du monde sub-lunaire, n'empêche pas que dans notre monde visible les vérités de la physique newtonienne continuent de s'appliquer !

- Qu'est-ce qu'un événement, une expérience ?
Mesurer l'expérience astrologique à l'aune de l'expérience des sciences dites exactes est souvent stérile.
Ainsi :
- glisser sur une peau de banane ou se casser une jambe ou encore perdre son travail ... voilà des événements observables sinon réplicables...
-avoir un “insight”, une révélation, ce soudain "ah ah", cet éclair de compréhension subite, ce jaillissement, “fiat lux” !
- lâcher prise et réaliser soudain qu’une question épineuse d'apparence insoluble qui nous tarabustait disparaît... Ah oui, le problème mais quel était le problème ??
Voici aussi des événements, des expériences, sinon observables, parfois réplicables et intersubjectivement vérifiables. Chacun le sait, le fait.
Jung ne disait-il pas : "nous arrivons aux événements et non l'inverse.."

- mourir, mourir à quelque chose, mourir à soi-même, faire le deuil, tous ces événements sont des morts, tous sont des événements. Il y a différents types de morts, il y a différents types d'événements ce qui renvoie à son tour à la question de la vérité

- la question de la vérité. Il y a la vérité factuelle, celle des sciences expérimentales, ceci est un chien et non pas un chat, absolue dans son contexte; dans un autre contexte cet animal - est onde non plus corpuscule, perdant ses contours distincts, et se retrouvant dans le même champ que son meilleur ennemi !

les objets s'évanouissent de même que la séparation entre sujet et objet d'expérience, rejoignant ainsi la réalité du mystique, soit la nôtre quand nous sommes prêts à en faire l'expérience - encore une expérience !

Il y a une autre vérité, caractéristique des disciplines de sens : une vérité, un sens, vus comme un dévoilement progressif (a-lethia) et selon ce que nous sommes prêts à recevoir, voir ou vivre de la réalité.

Mais là, nous tombons dans l'interprétation, donc dans la prédiction aussi.
Oui, il y a un aspect prédictif à l’astrologie, c’est indéniable; ce qui ne veut pas dire que
l’événement soit univoque et déterminé. Il y a une certaine qualité d’expérience que l’on peut
prévoir mais non son issue.

Pour prendre l’exemple du transit d’Uranus dans le ciel sur une Vénus dans le thème natal, transit
classiquement appelé “aspect divorce” !
Il est certain que la personne vivra une rupture marquée de son mode de relation; seul son degré de
conscience pourra dire ce qu’elle en fera : une fatalité (mon conjoint m’a quitté), une libération,
une réorganisation de son expérience, une extension de sa liberté au sein du couple, la formation
d’un nouveau couple où ces valeurs peuvent être vécues, une rencontre soudaine et sans
lendemain, l’abandon d’une relation de couple, la rencontre d’un partenaire après une longue
période de célibat etc. etc.


A cet égard, "Aucun astrologue - ou psychanalyste - ne peut interpréter la vie à un niveau plus élevé qu'il ne fonctionne lui-même."(Dane Rudhyar).

- et celle de la liberté.
L'homme est libre
L'homme est déterminé...
Selon la vérité de la logique, si l'une de ces déclarations est juste, l'autre doit être fausse. Eh bien, le paradoxe n'est qu'apparent, toutes deux sont justes, mais de quel homme parle-t-on ?
L'homme, l'être, en tant que conscience - en sa nature de bouddha - est libre, l'a toujours été, le sera toujours. Le réaliser, c'est ce que l'on appelle l'éveil.

Comme le dit Douglas Harding - alerte nonagénaire et être réalisé depuis plus de 50 ans -
"Notre servitude ne vient pas de notre inaptitude à devenir libre mais de notre incapacité à voir que nous le sommes"

Mais, et c'est là que le grand jeu de la vie commence, l'homme n'est pas seulement pure conscience, il est conscience incarnée, dans un corps, une conscience sur pattes ! Et c'est là, dans nos comportements quotidiens, que nous observons avec une désespérante habitude, que nous ne sommes le plus souvent qu'un paquet de réflexes conditionnés ! Cette liberté-là est à gagner de haute lutte, jusqu'à notre dernier souffle.
Intégrer cette liberté de conscience au quotidien de nos vies, tel est le travail-jeu ! Cette réalisation-là n'a pas de fin.
Vous êtes cela, de plus en plus pleinement cela” dit l’Américaine Gangaji 4

4 "You are THAT, more and more fully THAT" in "Freedom and Resolve"

Dans ce terme "whole" est aussi contenu "holy", sacré. Il y a non seulement des choses à connaître mais avant tout une vie à la fois familière et mystérieuse à vivre !
La vie, exaltante ou banale, est précieuse, chaque moment est unique. Et dans cette attitude,il y a notre guérison, c'est reposant de se sentir faire partie du tout, être le tout. Il n'y a plus à se justifier, justifier son existence, c'est l'abandon de la lutte et c'est aussi notre guérison : dans whole, holy, il y a aussi "healing". j'aime considérer l'astrologie comme une discipline de conscience, donc un art de guérison.

Pour les disciplines qui partent de l'hypothèse fondamentale - d'ailleurs vérifiable par chacun, à chaque instant, de l'unité, de l'homme, du cosmos - et qui se soucient du sens, plus que du pourquoi et du comment, l'univers perd sa qualité d'hostile, la vie son côté adverse, de lutte, si familiers à nos contemporains.

Seule l’intimité avec soi-même apporte une véritable guérison”, dit Deepak Chopra. Thérèse d’Avila, voilà plus de cinq siècles, disait-elle autre chose en affirmant : « Le ciel est déjà en toi ; il ne peut y avoir connaissance de Dieu sans connaissance de soi »

Devenir de plus en plus libres d'être qui nous sommes vraiment, d'arrêter – et tel est notre choix, notre véritable liberté instant après instant – de faire obstacle à nous mêmes ! L'astrologie veut servir l'incarnation de cette liberté !

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